Disposer d’une visibilité optimale et organisée sur son réseau d’infrastructures est un enjeu majeur pour les communes. Entretien, amélioration, suivi des constructions… le plan d’aménagement global en dépend. Avec son application « Instant As-Built », le Groupe LSC propose à ses clients un outil novateur, intuitif et d’une précision inédite à ce sujet. Rencontre avec Sascha ROHNER, ingénieur civil, et Gilles ROCK, géographe au sein de la firme.
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Quelles sont vos missions respectives au quotidien ?
SR : Ma mission d’ingénieur civil, comme celle de mon équipe, consiste à recueillir, organiser, gérer et actualiser les données liées aux infrastructures communales et au plan d’aménagement de leur territoire. Ces données décrivent l’équipement qui constitue par exemple les axes de voirie, comme les passages pour piétons ou l’éclairage public, mais aussi celles invisibles qui décrivent les équipements souterrains : réseaux d’eau potable, d’eaux usées ou bien l’électricité, le gaz, l’antenne collective, le chauffage urbain, les gaines de réserve…
GR : De mon côté, je suis en charge de la création des données. En tant que géographe spécialisé dans la télédétection, j’opère soit directement sur le terrain grâce à des outils techniques, soit via des images aériennes (drones, avions, satellites) pour relever entre autres les informations évoquées par Sascha.
Pourquoi ces données sont-elles capitales pour vos clients ?
SR : Pour nos clients – je pense aux communes, au Fond du Logement ou à des acteurs privés d’envergure comme ArcelorMittal – la localisation précise des infrastructures dont ils ont la charge est primordiale. Il s’agit de les identifier dans un premier temps. Ensuite, s’ils souhaitent intervenir sur ces infrastructures pour les entretenir, les modifier ou tout simplement construire de nouveaux équipements, il faut en connaître la carte de manière précise. Il faut également savoir qu’une information comme celle du prix de l’eau au sein d’une commune se détermine en fonction de la qualité du réseau, c’est-à-dire de toutes les données techniques qui décrivent ce dernier (état, composition et longueur des conduites, etc.).
GR : Détenir une carte perpétuellement actualisée de ces données permet aussi d’effectuer un suivi efficace des constructions en cours, de la bonne exécution de ces dernières, de leur mise en conformité. C’est ce que l’on nomme le suivi du plan « as-built ».
Quelles difficultés les communes rencontrent-elles généralement à cet égard ?
SR : La gestion d’un territoire est une tâche colossale qui nécessite de nombreuses ressources pour être parfaitement réalisée. En effet, les infrastructures dont une commune a la charge sont très nombreuses et représentent un schéma technique complexe à appréhender. À cela s’ajoutent les infrastructures privées, qui ne lui appartiennent pas, mais qu’elle doit connaître pour mieux les distinguer lors de l’aménagement du territoire. Concrètement, si en creusant la chaussée pour effectuer un raccordement en eau, vous endommagez des infrastructures souterraines appartenant à un opérateur privé d’internet, par exemple, c’est vraiment problématique. Pour éviter cela ou d’autre écueils, il faut disposer d’une bonne visibilité sur le réseau d’infrastructures.
GR : Une des difficultés majeures est l’actualisation de ces données, dans la mesure où ces réseaux évoluent en permanence. Toute intervention sur le territoire modifie sa morphologie. Du côté des techniciens communaux, il n’est donc parfois pas aisé d’avoir une bonne lisibilité de ce qui parcourt le sous-sol et de faire un descriptif aussi précis qu’exhaustif pour les maîtres d’ouvrage.
SR : J’ajouterais qu’en fonction de l’évolution des besoins mais aussi de la législation – je pense notamment aux Pactes Climat, Nature ou Logement – les communes doivent sans cesse avoir accès à de nouvelles informations pour pouvoir se plier aux exigences règlementaires.
Justement, quelle expertise déployez-vous à ce sujet ?
SR : Nous avons débuté cette activité il y a plus de 20 ans pour une petite commune qui ne disposait pas, et ne dispose d’ailleurs toujours pas, de technicien spécialisé dans la gestion des infrastructures et de la construction. C’est le secrétaire de la commune qui s’en chargeait. Nous lui avons donc fourni un logiciel simple, exhaustif et précis pour accéder aux informations dont il avait besoin au quotidien. Ce système, c’est notre outil SIGcom qui équipe aujourd’hui plus de 60 communes et qui a lui-même évolué avec le temps. Il est aujourd’hui disponible sur différents postes, notamment sur mobile pour être pratique sur le terrain, dispose de dashboards, de modèles 3D, etc.
GR : SIGcom est une application dont l’utilisation ne nécessite pas d’être géomètre ou docteur en ingénierie. Elle permet d’accéder très précisément à telle parcelle, telle rue, et d’obtenir une visibilité optimale des infrastructures en place. Les données sont organisées pour permettre une lecture pragmatique et efficace. SIGcom convient à toutes les communes, quelles que soient leur taille et les ressources humaines ou financières dont elles disposent pour l’entretien des infrastructures. Les syndicats d’assainissement l’utilisent d’ailleurs aussi, de manière spécifique, depuis 2012.
Aujourd’hui, vous allez plus loin encore avec « Instant As-Built ».
Pouvez-vous nous présenter cette solution ?
SR : C’est toujours la question de la précision et de l’actualisation des données qui est remise en jeu par nos clients. Comment faire en sorte que les données soient toujours plus précises, constamment à jour ? Cette problématique vaut notamment sur des chantiers très dynamiques, où les travaux évoluent quotidiennement, dans un environnement parfois complexe, comme un centre urbain encombré par exemple. Faire un vol de drone tous les jours ou appeler un géomètre pour lever 20 m de tranchée n’est pas tenable. C’est donc de ce besoin qu’est née la solution « Instant As-Built ».
GR : Notre objectif était de permettre à toute personne présente sur le chantier de cartographier les modifications effectuées à tout moment. En outre, l’application devait être utilisable par n’importe qui, après une introduction de dix minutes, pas plus, avec un smartphone. Avec « Instant As-Built », il suffit d’allumer l’application, de choisir le projet et de faire une vidéo à l’endroit où l’on souhaite obtenir des données. Ces dernières sont ensuite envoyées sur notre cloud, puis la partie complexe de traitement est gérée ici, en interne, dans l’heure qui suit leur réception. Le relevé des données est finalement disponible en 3D et notre client peut générer un plan as-built actualisé et complet.
SR : Via « Instant As-Built », nous avons déjà cartographié des kilomètres de conduites d’eau potable pour les communes de Junglinster et Helperknapp, par exemple.
Comment avez-vous conçu cet outil ?
GR : La force d’un groupe comme LSC est de pouvoir initier ce type de projet en interne, d’établir un prototype avancé grâce aux ressources et compétences dont nous disposons. Nous avons élaboré toute la conception d’« Instant As-Built » de cette manière. En revanche, nous savons aussi faire appel à un partenaire pour produire des éléments matériels très spécifiques. C’est pourquoi nous collaborons avec un fournisseur d’antennes GPS qui nous délivre un produit qui est à la fois très facilement utilisable et extrêmement précis.
SR : « Instant As-Built » est vraiment le fruit d’un travail interdisciplinaire et du savoir-faire de plusieurs départements de LSC : les développeurs de Luxsense pour l’application, les géomètres pour la précision, l’équipe SIGcom pour les données, les équipes du suivi de chantiers pour le test en pratique… À toutes les étapes de la conception, chacun pouvait faire valoir son expertise afin que le produit corresponde parfaitement aux besoins et aux exigences techniques.
Concrètement, quels sont ses avantages pour vos clients ?
GR : C’est un gain de temps précieux pour les opérateurs sur le chantier et la précision est phénoménale. En effet, pour améliorer la rapidité de traitement des données et leur précision, nous avons substitué le GPS du smartphone à un GPS externe. La précision est ainsi passée de sept mètres environ, à deux ou trois centimètres !
SR : Il faut bien préciser qu’auparavant le plan as-built était souvent réalisé après le chantier, quand toutes les tranchées étaient déjà fermées. Le géomètre ne pouvait alors cartographier que les éléments visibles, avec quelques points de repères approximatifs.
GR : Ajoutons que le stockage et le traitement des données se fait en interne chez LSC, nous ne les envoyons pas ailleurs. Cela nous permet de garder un contrôle humain, mais aussi un maximum de sécurité et de confidentialité.
SR : Avec une telle actualisation des données sur la plateforme, le suivi des chantiers peut se faire quasiment en temps réel. L’archivage des vidéos permet également de retracer l’historique du chantier. C’est une documentation parfaite, notamment via la vidéo qui donne un aperçu qu’aucun autre media ne peut surpasser. Nous avons également développé différents aperçus des chantiers sur la plateforme, des filtres en quelque sorte, en fonction des métiers ou des protagonistes sur le chantier. Ainsi, chacun peut voir ce qui l’intéresse en soustrayant ce qui ne lui incombe pas.
Comment la plateforme va-t-elle encore évoluer ?
GR : Nous continuerons à la développer avec pour objectif qu’elle devienne une sorte de standard dans le pays, à l’instar de SIGcom. Nous allons d’ailleurs créer des ponts entre les deux applications pour faciliter l’accès aux données.
SR : Les retours de nos collaborateurs, mais aussi de nos clients, alimentent également les nouveautés sur la plateforme. Nous mettons en place leurs idées et leurs suggestions afin de toujours répondre à leurs besoins. Nous pourrons sans doute améliorer encore les performances, mais, en attendant, nous sommes là où nous voulions être il y a trois ans, au moment de concevoir ce produit, ce qui est tout à fait réjouissant.