Contact
Pour assister ses clients dans leurs projets en relation avec les cours d’eau mais aussi participer activement aux objectifs environnementaux et réglementaires, LSC360 pilote des projets de restauration qui visent à renaturer l’hydromorphologie et la qualité de l’eau initiales de cours d’eau. Ces démarches sont supervisées par l’Administration de la Gestion de l’Eau.
Quel est le contexte réglementaire en ce qui concerne l’eau au Luxembourg ?
Davy Thiringer : Il existe une Directive européenne sur l’eau 2000/60/CE transposée en droit Luxembourgeois : loi modifiée du 19 décembre 2008 relative à l’eau, qui impose aux États membres d’atteindre un bon état écologique des cours d’eau présents sur leur territoire. Au Luxembourg, l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) sous la tutelle du ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, est chargée de mettre en place des mesures pour répondre à ces objectifs.
Quel est l’état actuel des cours d’eau au Luxembourg ?
DT : Aucun des plus de 100 cours d’eau luxembourgeois n’atteint en bon état écologique à l’heure actuelle selon le dernier plan de gestion des parties luxembourgeoises du district hydrographique du Rhin et de la Meuse (2021-2027).
À quoi cela est-il dû ?
DT : L’état écologique d’un cours d’eau repose sur plusieurs facteurs :
- L’hydromorphologie du cours d’eau, c’est-à-dire son caractère physique, la forme de son lit et la manière dont l’eau s’écoule,
- La qualité de l’eau et des organismes qui y vivent,
- Et la qualité chimique.
L’AGE détermine à partir de mesures concrètes et par rapport à des seuils définis, si le cours d’eau est en mauvais état, dans un état médiocre, dans un état moyen, en bon état ou en très bon état écologique. L’objectif étant de progresser régulièrement pour atteindre au minimum le bon état écologique. A l’heure actuelle au moins un de ces facteurs n’est pas atteint.
Parmi ces trois causes, sur lesquelles intervenez-vous ?
DT : Nous intervenons sur la partie physique et sur la partie qualitative, car l’un ne va pas sans l’autre : si l’hydromorphologie d’un cours d’eau n’est pas correcte, sa biologie ne pourra pas l’être. Par exemple, un poisson a besoin d’un habitat et d’une certaine qualité d’eau pour vivre et se reproduire. Il ne s’installera pas à un endroit si l’habitat est dégradé (c’est l’aspect physique), même si la qualité de l’eau est bonne et vice-versa.
À quelles problématiques la renaturation des cours d’eau permet-elle de répondre ?
Mélina Dubourg : Dans le cadre de projets de renaturation dans leur globalité, nous travaillons sur tous les aspects du cours d’eau. Mais il y existe aussi des projets dont le but premier est de garantir la protection des biens et des personnes en cas d’inondation. Il ne faut pas oublier que les cours d’eau ont été modifiés au cours de l’histoire pour un usage particulier (industriel, par exemple). Les répercussions aujourd’hui, ce sont les épisodes de fortes pluies que nous connaissons de plus en plus souvent, à l’origine d’inondations et donc potentiellement des dégâts importants pour les riverains.
Au Luxembourg, l’augmentation constante des surfaces scellées génère de nouveaux défis aussi bien en termes de gestion des eaux pluviales que d’état écologique des cours d’eau. C’est pourquoi il est préférable de réfléchir à une échelle globale pour pouvoir répondre à un panel de problématiques.
Par où commence-t-on pour restaurer l’environnement naturel d’un cours d’eau ?
MD : Pour le trait hydromorphologique, le raisonnement est toujours le même quelle que soit la problématique sur laquelle nous nous focalisons. Il faut d’abord établir la « carte d’identité » du cours d’eau, afin de connaître son passé et comprendre son présent et se statuer sur son état futur.
Pour sa situation passée, l’AGE peut nous fournir des données historiques (cartes ou mesures par exemple), qui nous permettent de vérifier si le cours d’eau a toujours été implanté à l’endroit actuel et d’établir un diagnostic de ses mesures physiques (largeur, hauteur d’eau, etc.). Une fois le diagnostic établi, on peut lui attribuer une typologie, c’est-à-dire le faire entrer dans une famille de cours d’eau rassemblant des caractéristiques communes. Seulement après cette étape, des propositions de mesures à mettre en place peuvent être envisagées.
DT : Il en va de même en ce qui concerne les écosystèmes : on ne renature pas un cours d’eau selon un modèle prédéfini, mais en fonction d’un diagnostic initial qui consiste à déterminer quelles sont les espèces qui vivaient à l’origine dans ce cours d’eau, ce qu’on peut faire pour qu’elles s’y installent à nouveau, comment assurer la continuité écologique c’est-à-dire supprimer les barrages pour que l’ensemble des espèces, des sédiments et des matières qui transitent par ce cours d’eau puissent y circuler librement.
Quel est l’objectif de vos préconisations ?
DT : Elles visent à redonner ses fonctionnalités originelles au cours d’eau. Un cours d’eau a une fonction de stockage en cas d’inondation mais aussi lors d’une sècheresse. Lorsqu’il est rectiligne, canalisé et bétonné, il est contraint de rester dans son chenal et ne peut pas sortir de son lit en cas de pluie. En le remodelant, en recréant des sinuosités pour diversifier les vitesses de courant et des berges pour qu’il puisse s’étendre sur les plaines environnantes, il pourra déborder librement en zones non urbanisées, limitant les risques d’inondation pour les zones urbanisées.
Un cours d’eau joue aussi un rôle dans l’épuration des eaux. En revégétalisant ce cours d’eau, en y réintroduisant aussi bien des espèces végétales qu’animales, on rendra à la rivière sa capacité d’autoépuration naturelle.
Enfin, un cours d’eau est un réservoir de biodiversité, un endroit où les animaux se développent du stade larvaire jusqu’à l’émergence, et où toute une faune et une flore fonctionnent dans un équilibre dynamique.
Quel type de mesures recommandez-vous, par exemple ?
MD : Il existe plusieurs zones d’intervention sur le cours d’eau : le lit mineur, les berges et la plaine alluviale. Des mesures peuvent aussi bien être mises en place sur une zone ponctuelle comme sur l’ensemble des zones.
Nous pouvons travailler sur la diversité d’écoulement en implantant dans le cours d’eau des pièces de bois morts qui permettent la création de niches écologiques.
Pour stabiliser des berges soumises à l’érosion, des dispositifs naturels comme la création d’une strate arbustive et arborée peut être implantée. Elle apportera également de l’ombre et favorisera le déploiement d’espèces préférant les températures fraîches aux zones ensoleillées.
À quelles contraintes vous heurtez-vous dans vos projets de renaturation ?
MD : L’aspect foncier reste la première contrainte dans ce type de projets, car ils nécessitent l’utilisation d’importantes surfaces exploitables, si on imagine par exemple reméandrer un cours d’eau rectiligne. Il y a donc tout un cheminement à réaliser avec l’appui de l’AGE, avec les propriétaires des surfaces concernées, pour qu’ils acceptent de céder une partie de leurs terrains.
DT : Il est vrai que traiter de l’eau pour la réinjecter dans un milieu naturel avec un certain seuil qualitatif peut engendrer des coûts supplémentaires, mais notre rôle est aussi d’harmoniser les besoins des clients et le respect des procédures réglementaires.
Il y a aussi une sensibilisation des utilisateurs des cours d’eau à mettre en place.
Les activités humaines comme les rejets industriels ou de stations d’épuration apportent des nutriments dans l’eau qui favorisent la prolifération d’algues vertes et le réchauffement des eaux, qui peuvent aboutir à une fermeture des zones de baignade. Ainsi, il faut faire prendre conscience que chaque action peut influencer de manière positive ou négative la qualité et les fonctionnalités d’un cours d’eau.
Avec quels acteurs travaillez-vous ?
DT : Une grande diversité d’acteurs publics et privés font appel au service de LSC360. Nous développons actuellement une expertise sur l’évaluation des impacts environnementaux spécifique aux cours d’eau. Nous collaborons par exemple avec l’AGE et les syndicats d’assainissement des eaux usées pour améliorer l’impact des stations d’épuration (il y en a une centaine au Luxembourg) et des bassins de rétention des eaux pluviales et faire en sorte que les eaux qui arrivent dans les cours d’eau soient acceptables par le milieu naturel, c’est-à-dire qu’elles ne soient pas saturées de certains éléments et ne dégradent pas la qualité de l’eau.
MD : Nous travaillons aussi sur des mesures visant à améliorer la qualité hydromorphologique des cours d’eau (diversifications des habitats, protection de berges…) tout en la combinant avec la problématique inondation. Ainsi, de nombreuses communes mais aussi des acteurs privés nous sollicitent pour ces sujets parfois sensibles.
Comment se passe la collaboration entre les différents services au sein de LSC360 ?
DT : LSC360 réunit un ensemble d’expertises complémentaires qui permettent de guider les clients dans toutes les phases de leurs projets : diagnostic, conception, autorisation, mise en œuvre, évaluation. Prenons la construction d’un pont enjambant un cours d’eau. Ce projet a forcément un impact sur le milieu aquatique. Notre service va donc établir un diagnostic sur site qui visera à déterminer s’il existe des espèces protégées ou des contraintes hydrologiques particulières, avant que d’autres services de LSC360 ne conçoivent le pont et se chargent du suivi technique des travaux. Nous avons également une section qui est en mesure de suivre l’impact environnemental des travaux et de vérifier que les préconisations qui ont été faites pour la protection des milieux aquatiques sont bien respectées. Quand le projet est finalisé, nous pouvons établir un second diagnostic de contrôle qui permet de comparer les données acquises avant et après travaux et de mettre en évidence l’impact réel de notre intervention. L’avantage c’est que nous pouvons nous consulter les uns les autres pour répondre à l’ensemble des problématiques qui se présentent et se concentrer réellement sur l’état de santé du cours d’eau.
Article paru dans Neomag